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Amélioration des soins destinés aux personnes atteintes de troubles de l’alimentation

Cet article a été écrit par : Dre Kathryn Trottier, responsable clinique provinciale, Troubles de l’alimentation, Santé Ontario (Centre d’excellence pour la santé mentale et la lutte contre les dépendances).

Avant la pandémie de COVID-19, les troubles de l’alimentation étaient courants, avec une prévalence au cours de la vie d’environ 15 % (la proportion de la population qui sera atteinte d’un trouble de l’alimentation à un moment donné de sa vie). Malheureusement, comme dans le cas d’autres problèmes de santé mentale, notamment la dépression et l’anxiété, l’incidence de ces troubles semble avoir augmenté pendant la pandémie. De mars à décembre 2021, les visites au service d’urgence liées à des troubles de l’alimentation ont augmenté de plus de 60 % en Ontario et les admissions en hôpital pour enfants et adolescents liées à des troubles de l’alimentation ont augmenté de 37 %.

Problèmes liés aux traitements

Le traitement des troubles de l’alimentation passe par divers types d’intervention psychologique efficaces bien documentés, comme la thérapie cognitivo-comportementale spécialisée pour les adultes et la thérapie familiale pour les enfants et les adolescents. Cependant, le système prenant actuellement en charge les personnes atteintes de troubles de l’alimentation manque de coordination et cohésion.

Les traitements fondés sur des données probantes ne sont pas systématiquement offerts dans l’ensemble de la province et les délais d’accès aux programmes de traitement existants vont généralement de plusieurs mois à plus d’un an. Les troubles de l’alimentation sont trop souvent diagnostiqués ou traités une fois que la personne est gravement malade et doit faire l’objet d’un niveau de soins plus élevé, y compris une hospitalisation.

Dans le cadre de leur recherche de soins, les personnes atteintes de troubles de l’alimentation peuvent être orientées vers plusieurs programmes simultanément ou vers des programmes qui ne répondent pas à leurs besoins. Cela intensifie donc le stress ressenti par la personne cherchant à se faire soigner, ainsi que les pressions exercées sur le système de santé, ce qui retarde encore plus le traitement.

Conseils d’experts

Santé Ontario a publié la norme de qualité Troubles alimentaires, qui traite des soins destinés aux personnes de tous âges atteintes d’anorexie mentale, de boulimie mentale et d’hyperphagie boulimique. Élaborée en collaboration avec un comité consultatif d’experts cliniques et des personnes ayant un vécu dans ce domaine, cette norme s’appuie sur les lignes directrices de pratique clinique, des consensus d’experts et les données collectées en Ontario.

La norme recense neuf principaux domaines d’amélioration des soins destinés aux personnes atteintes de troubles de l’alimentation :

  • Évaluation complète
  • Niveau de soins
  • Transition des jeunes vers les services de santé pour adultes
  • Psychothérapie
  • Surveillance et stabilisation médicale
  • Soutien aux familles et aux aidants
  • Comorbidités physiques, de santé mentale et de dépendance
  • Promotion de l’équité
  • Soins destinés aux personnes qui ne reçoivent pas de traitement actif

En tant qu’organisme intégré à Santé Ontario, le Centre d’excellence pour la santé mentale et la lutte contre les dépendances s’appuie sur la norme de qualité pour établir un système complet et interconnecté de prise en charge des troubles de l’alimentation en Ontario.

Psychothérapie fondée sur des données probantes

Dans le cadre de la mise en œuvre de la norme de qualité sur les troubles alimentaires, le Centre d’excellence pour la santé mentale et la lutte contre les dépendances devra d’abord s’attacher à améliorer l’accès en temps opportun à une psychothérapie fondée sur des données probantes qui tient compte des besoins et des préférences de la personne. Lorsqu’ils ont rapidement accès aux traitements fondés sur des données probantes les plus efficaces, les gens ont plus de chances de se rétablir plus tôt, avec une probabilité plus faible de rechute. Cela permet dans le même temps de réduire la nécessité d’un traitement plus intensif et les délais globaux d’accès aux soins.

Il serait idéal que la psychothérapie commence dans les quatre à huit semaines suivant les travaux d’évaluation complète et d’élaboration du plan de traitement. La durée du traitement varie, mais est généralement d’environ 20 séances, bien qu’un plus grand nombre de séances puisse être prescrit aux personnes présentant une insuffisance pondérale importante pour les aider à poursuivre le processus de rétablissement du poids.

Traitements de première intention

Pour les enfants et les jeunes de moins de 18 ans, la thérapie familiale constitue le traitement de première intention de l’anorexie mentale ou de la boulimie mentale. Si la thérapie familiale est inefficace ou inadaptée, d’autres approches thérapeutiques peuvent être envisagées, comme la thérapie cognitivo-comportementale pour les troubles de l’alimentation (TCC-TA) ou la psychothérapie pour les adolescents.

Pour les adultes âgés de 18 ans ou plus atteints d’anorexie mentale, de boulimie mentale ou d’hyperphagie boulimique, la TCC-TA constitue le traitement de première intention. Cette thérapie cible les crises de boulimie, les comportements compensatoires, les restrictions alimentaires, le poids faible et les préoccupations excessives autour des formes et du poids. Elle consiste en des séances de psychoéducation, des exercices d’autosurveillance de l’alimentation et des comportements connexes, des activités d’exposition aux aliments redoutés, des stratégies d’atténuation des préoccupations autour des formes et du poids, ainsi que des stratégies de prévention des rechutes.

Pour les personnes atteintes d’hyperphagie boulimique, la psychothérapie interpersonnelle est également recommandée. Cette thérapie consiste à cerner et à traiter les problèmes interpersonnels affectant actuellement la personne, y compris les conflits, les transitions de rôles, les déficits interpersonnels et les souffrances de longue date.

En savoir plus

L’élaboration de la norme de qualité représente une étape importante dans l’amélioration de l’accès à des traitements efficaces et de grande qualité pour les troubles de l’alimentation en Ontario.

Les médecins de premier recours peuvent obtenir 2,25 crédits Mainpro+® en lisant la norme dans le cadre du programme Comprendre les normes de qualité en soins primaires.

Pour en savoir plus, veuillez envoyer un courriel à l’adresse suivante : QualityStandards@OntarioHealth.ca.

Dernière mise à jour: 1 février 2024